DOC. n° 53 : Jean-Marie LACLAVETINE. André Besse (artiste tourangeau décédé en 1999).

 

 

Peinture, art de patience.

André Besse sait que la vérité n'est pas donnée au peintre,

ni la beauté :

il faut guetter, longtemps, des territoires immobiles,

avant de saisir un frisson dans la pierre.

Besse est pareil au sculpteur

contemplant longuement le bloc de marbre, se mesurant à lui

avant de commencer le long, l'infini travail de

désincarcération, l'imperceptible lutte contre les apparences,

contre les oripeaux du sens,

afin de libérer un noyau d'harmonie

qui continuera de vibrer indéfiniment sur la toile

grâce au miracle du regard.

André Besse ne peint pas, il dépeint.

Il fait obstinément éclater

la gangue du visible et du prévisible,

comme nos ancêtres taillaient de débonnaires rognons de silex

pour en faire jaillir des flèches.

Le peintre Besse est né de la pierre :

ancien céramiste, il sait que la pierre n'est pas immobile.

Elle est simplement plus patiente que nous.

Les pentes du Vésuve ou de l'Etna

nous apprennent que les volcans

sont les premiers et les plus grands des céramistes.

Regardons les toiles d'André Besse : ces visions pétrifiées,

veinées d'onyx et d'obsidienne,

n'auraient pu naître sans un bouillonnement de lave

dont la chaleur sourde persiste.

 

 

 

 

 

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