DOC. n° 21 : Charles BAUDELAIRE. Les Fleurs du mal. Edition de 1868.

 

N.B. On gagnera à se procurer la première mouture de ce poème, pour comparaison.

 

 

 

 

Sur Le Tasse en prison d’Eugène Delacroix.

 

Le poète au cachot, débraillé, maladif,

Roulant un manuscrit sous un pied convulsif,

Mesure d’un regard que la terreur enflamme

L’escalier de vertige où s’abîme son âme.

 

Les rires enivrants dont s’emplit la prison 

Vers l’étrange et l’absurde invitent sa raison ;

Le Doute l’environne, et la Peur ridicule,

Hideuse et multiforme, autour de lui circule.

 

Ce génie enfermé dans un taudis malsain,

Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l’essaim

Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,

 

Ce rêveur que l’horreur de son logis réveille,

Voilà bien ton emblème, Ame aux songes obscurs,

Que le Réel étouffe entre ses quatre murs !

 

Notes complémentaire.