Proposition de plan pour rendre compte du texte sous la
forme d’un commentaire composé/lecture méthodique. Le texte de Jabès est généré,
en particulier, par une toile précise à laquelle on accèdera en cliquant
ci-dessous.
§
Noter en premier lieu
l’"inflation" des "?" (6
occurrences) qui témoigne précisément des questions que soulève l’œuvre
abstraite (!) de l’artiste.
§
Première question
posée : "Y a-t-il ? " avec une réponse qui ne vient pas
réellement : "Il y avait (imparfait)". Introduction d’une réponse "déviée", ainsi que de la
dimension temporelle dans l’espace de la toile. La vraie réponse n’interviendra
qu’à la fin du texte. Et encore ! : "de ‘il y avait’ à ‘il y a’ tout le trajet de Vieira da Silva".
§
Repérage d’un champ
lexical qui dit vide et impuissance : "absence" ; "réalité autre" ;
"rien" (5 occurrences, dont 4 en qualité de substantif) ; "transparence" ; "insaisissable"...
§
Difficulté à trouver
le mot qui rende exactement compte : "comme un édifice" (c’est-à-dire : "pas
tout à fait" un édifice...).
Nous y reviendrons.
§
Un détour par le
titre de la toile semble nécessaire (les mots à la rescousse !) : "Jardins suspendus". Adéquation ?
Inadéquation ? Il faudra relire
la légende (cette "re-lecture" témoigne encore de la difficulté à
appréhender la toile).
§
"Qu’est-ce qui a été saisi de cet insaisissable ?" Constat d’échec ? On a au
moins la mise en évidence d’un parcours et d’un "trajet" de
l’artiste. La toile s’en trouve-t-elle davantage élucidée ?
§
"Une réalité autre".
Sommes nous vraiment renseignés ?
§
On passera par le
regard (champ lexical à repérer). Faire confiance au regard.
§
On distingue "comme
un édifice". Le langage va
apprivoiser l’objet. Il "tourne
autour". Autres mots
retenus : "transparence" ; "miroir" ;
"brisures"... Avec une logique d’associations
d’idées : on passe de la transparence de la vitre au miroir (cf.
Tardieu : "Le miroir
ébloui"), puis au miroir qui se
brise. Et les brisures permettent de rendre compte assez précisément de la
réalité picturale de Vieira da Silva. A comparer avec les approches de Tardieu
(dont doc. n° 29).
§
Apparente cohérence :
"traits d’oubli", "l’oubli a sa mémoire",
"la mémoire du rien", "le rien sur lequel repose l’édifice"... Le cercle est bouclé.
§
Recours au
titre/légende ou les mots au secours de la toile qui résiste et déroute (par
quelle porte entrer ? Cf. Tardieu : "les portes de toile").
Qu’a-t-elle à nous dire ? Avec récupération des éléments antérieurs.
Cohérence de la démarche d’appropriation. Cf. Butor : Les mots dans la peinture.
§
Connotations d’odeurs
(synesthésies). Le lecteur pourra songer aussi aux Jardins de Babylone que da
Silva avait probablement en tête, du moins en donnant son titre. Un texte qui
fait appel à nos sens. Un texte hommage de Tardieu s’intitule : "Passerelles de Babylone". Rêverie.
§
Un texte/poème né du
silence de la contemplation de l’œuvre (on notera les références plus ou moins
explicites à la toile et à la "manière" de Vieira da Silva).
§
Hermétisme de la
toile, hermétisme du texte ? On se rappellera les propos de Saint-John
Perse disant que la poésie en elle-même n’est pas obscure mais qu’elle est au
service de domaines obscurs qu’elle a pour mission d’élucider. "L’obscurité qu’on lui [la poésie]
reproche ne tient pas à sa nature propre, qui est d’éclairer, mais à la nuit
même qu’elle explore, et qu’elle se doit d’explorer : celle de l’âme
elle-même et du mystère où baigne l’être humain. Son expression toujours s’est
interdit l’obscur, et cette expression n’est pas moins exigeante que la
science. " (Discours
de Stockholm, 1960).
§
Texte éclaté qui tend
à coller au mieux à la toile qu’il évoque : phrases de diverses longueurs,
souvent nominales (comme des touches de couleurs ou des traits de
pinceau !). Réfléchir à l’adéquation entre les caractéristiques stylistiques
du texte et la technique mise en œuvre
par Vieira da Silva.
§
Une libre exploration utilisant les
associations d’idées (= liberté de la rêverie)
§
Un poème épitaphe (cf. date de
composition à vérifier) ? On en relèvera les "marques".
-
un titre qui ressemble
à un alexandrin avec assonances intérieures en [a] : "A-Ma-ria-E-le-na / Vie-i-ra- da- Sil-va".
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présence de versets
(plutôt que de vers).
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travail sur le
lexique et la syntaxe (repérages à faire).
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jeux de sonorités
(reprises anaphoriques) et de rythmes (binarité, ternarité). Etc.
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