La
caravane humaine, au Sahara du monde,
Par
ce chemin des ans qui n'a plus de retour,
S'en
va, traînant le pied, brûlée aux feux du jour,
Et
buvant sur ses bras la sueur qui l'inonde.
Le
grand lion rugit, et la tempête gronde :
A
l'horizon fuyard, ni minaret, ni tour.
La
seule ombre qu'on ait, c'est l'ombre du vautour
Qui
traverse le ciel, cherchant sa proie immonde.
L'on
avance toujours, et voici que l'on voit
Quelque
chose de vert que l'on se montre au doigt !
C'est
un bois de cyprès semé de blanches pierres.
Dieu,
pour vous reposer, dans le désert du temps,
Comme
des oasis a mis les cimetières.
Couchez-vous,
et dormez, voyageurs haletants !
Théophile Gautier