"Mandoline"
de Verlaine :
de
l’analyse linéaire au commentaire composé/lecture méthodique
1)
Les suggestions du (des) titre(s)
Comme pour "Pantomime" ou "Cortège", vous serez d'abord attentifs à ce
que j'appelle les "hésitations" du titre. Lorsque le poème paraît pour la
première fois dans la Gazette Rimée
du 20 février 1867, en même temps que "Clair de lune", "Mandoline" s'appelle
"Trumeau", et Jacques-Henry Bornecque (Lumières sur les Fêtes galantes), auquel
nous nous sommes déjà référés, croit pouvoir en outre déchiffrer au dessus du
poème manuscrit, sous une épaisse couche d'encre, le titre primitif de
"Sérénades".
Laissons "Sérénades" pour nous arrêter un moment à "Trumeau". Un
"trumeau", disent les dictionnaires, est la partie d'un mur, d'une cloison
comprise entre deux ouvertures verticales (portes, croisées) ; le "panneau",
revêtement (de menuiserie, de glace, etc.) qui l'occupe. Panneaux, trumeaux,
dessus de porte.... Par extension, "trumeau" peut désigner un "panneau de glace
décorant un dessus de cheminée ou un panneau décoratif servant de couronnement à
une telle glace". Balzac écrit, dans Ursule Mirouet (Oeuvres, tome III, p. 331) : "... la
glace et son trumeau à peinture en grisaille offraient un remarquable ensemble
de ton, de couleur et de manière."
Gageons qu'en retenant ce titre pour la parution en revue, Verlaine
a en tête un de ces panneaux décoratifs, dans lesquels, du reste, les peintres
des fêtes galantes, et notamment Watteau, se sont distingués. On se rappellera
que, dans sa première version du "Clair de lune", Verlaine écrit pour le vers
9 : "Au calme clair de lune de Watteau"
(c'est moi qui souligne). La référence picturale est explicite, même si l'on
cherche en vain des paysages lunaires dans l'œuvre du maître, à part, peut-être
cette scène nocturne où Pierrot mène la danse en grattant sa guitare, L'Amour au théâtre italien, retenue du
reste par William Marks, et que Verlaine a donc pu voir, au moins sous la
forme d'une gravure. "Mandoline" ou "Trumeau" ne serait, en somme, qu'une
fête galante de plus, trouvant son origine dans quelque gravure ou peinture
du XVIIIe
siècle;
inspirée, en l'occurrence, peut-être, par un trumeau.
Le titre finalement retenu, "Mandoline", nous invite, lui, à une lecture
musicale, et c'est sans doute là une des raisons qui font que le poème ait tant
intéressé les musiciens. On aura noté, comme pour "Cortège" et maints autres
poèmes du recueil, l'absence de déterminant qui entoure le titre d'un halo de
rêve : il s'agira plus d'évoquer que de décrire. Le mot résonne de toutes les
connotations possibles : Naples (mandoline napolitaine), Venise, les gondoles,
l'amour, Dom Juan, mais aussi Don Giovanni si l'on songe à la célébrissime
"Sérénade" chantée par le séducteur sur fond de mandoline au début de l'acte II
de l'opéra de Mozart... La sérénade, nous dit Marc Honegger (cf. son
dictionnaire musical), est une "composition vocale - accompagnée par un ou
plusieurs instruments - ou purement instrumentale -, destinée à être exécutée en
plein air, durant la nuit, sous les fenêtres d'une personne qu'on veut séduire
ou honorer". En fait la mandoline est souvent l'instrument retenu pour soutenir
des propos galants.
La structure du poème appelle les remarques suivantes. Trois parties
nettes en dépit des quatre quatrains. Trois phrases réparties comme suit : une
première pour le premier quatrain qui propose une situation sentimentale
relativement précise, sorte d'instantané. La seconde phrase coïncide avec la
seconde strophe, en présentant les acteurs de cette comédie galante : Tirsis,
Aminte, Clitandre, Damis... Les rôles sont distribués. Les deux derniers
quatrains, eux, sont réunis en une seule phrase et forment un tout. Les
personnages ont disparu au profit de leurs atours, et leurs somptueux habits
s'effacent à leur tour pour ne laisser place qu'à l'impression d'une fugitive
élégance, une fugitive joie. Tout s'est comme dissout. Des êtres ne subsistent
que des ombres... Il ne reste, en somme, qu'un tourbillon. Les personnages ont
perdu leur matérialité précaire et se sont fondus dans l'atmosphère comme "leur
chanson se mêl[ait] au clair de lune" dans le poème liminaire du recueil.
Donc, globalement, une progression du précis à l'imprécis, du matériel à
l'immatériel. Au fur et à mesure que le poème se déroule, les formes
s'estompent. Tout se consume en l'espace de 16 vers. Il ne reste que cendre au
creux de la main, que le moindre "frisson de brise"
éparpille.
Même sans le secours du premier titre finalement abandonné (tout comme
la référence à Watteau dans "Clair de lune"), les deux premiers vers auraient
suffi à nous engager dans la voie de l'"approche picturale" du poème. Il existe
en effet un tableau connu de Watteau, conservé au musée Condé de Chantilly,
intitulé précisément, entre autres, Le
donneur de sérénade (autres titres : Le Guitariste, Le Mezzetin, L'Accord). Référence possible. Je rappellerai
qu'au début d'une petite comédie en un acte, intitulée "Les Uns et les Autres"
(Jadis et Naguère, 1871) et dédiée
à Banville, Verlaine précise :
La scène se passe dans un parc à la Watteau, vers une fin d'après
midi d'été.
Une nombreuse compagnie d'hommes et de femmes est groupée, en de nonchalantes
attitudes, autour d'un chanteur costumé en Mezzetin qui s'accompagne doucement
sur une mandoline.
Peut-on rêver influence mieux explicitée ?
Point de mandoline cependant dans le tableau de Watteau auquel nous
venons de faire allusion.
Watteau n'est en tout cas pas avare de "donneurs de sérénades" ni de
"belles écouteuses". Dans les bras des premiers, des guitares le plus souvent,
quelques luths et théorbes, parfois, rarement. Jamais de mandolines. Je vous renvoie
aux nombreuses reproductions figurant par exemple dans l'ouvrage consacré à
l'œuvre peint de Watteau, auquel j'ai souvent fait allusion. Citons Sous un habit de Mezzetin, La Perspective, L'Aventurière, L'Enchanteur, La Gam[m]e d'amour, Voulez-vous tromper les belles..., Récréation italienne,
etc.
En lisant attentivement le catalogue qui suit les planches et les
complète souvent, on a même la surprise de découvrir, p. 90, un autre titre qui
fait encore écho à notre poème : Belles, n'écoutez rien, Arlequin est un traître... (cf. les
"belles écouteuses" du poème) ou Arlequin
amoureux. Point de guitariste toutefois dans cette gravure où l'on
reconnaît, au côté d'Arlequin, Pierrot, Cassandre (ou Pantalon), disposés de
part et d'autre d'une belle courtisée, mais un cistre posé sur le muret...
Guitare, par contre dans la gravure qui pourrait constituer un pendant
(Pour garder l'honneur d'une belle...
ou Le Docteur trouvant sa fille en teste
à teste avec son amant), mais dans les bras de la belle, cette
fois.
Il convient de se rappeler que l'influence de Watteau s'est aussi -
surtout ? - faite par critiques et écrivains interposés. Une recherche
systématique effectuée notamment dans le livre de Charles Blanc, que nous avons
mentionné, réserve quelques découvertes.
C'est sans nul doute à propos de Watteau que les choses sont les plus
évidentes. Les parentés crèvent les yeux (je les souligne toutefois ; à
vous de rechercher les passages de Fêtes
galantes que telle notation a pu inspirer) :
Voyez, en effet : ne voilà-t-il pas bien, sous ces grands arbres, derrière
ces éventails mobiles, et dans leurs longues robes de soie, toutes
ces adorables femmes qui perdaient si gaiement la royauté du roi, sûres de
conserver toujours la leur ? Et ces élégants gentilhommes qui s'inclinent
et offrent le bras avec tant de grâce, en cherchant de l'œil les allées
tournantes et mystérieuses, n'étaient-ils pas à Versailles tout à l'heure
? Et le paysage lui-même, plein de cascades et de blanches statues à demi
perdues dans le feuillage, n'est-il pas bien le paysage de ce siècle qui
aima tant à faire monter les jets d'eau dans les arbres, à endormir
les naïades au bord des fontaines ? (p. 18)
[...]
au loin l'écume aérienne des jets d'eau cherche la cime du bois. [...]
Eternelle variante du verbe aimer, l'œuvre de Watteau n'ouvre jamais que des
perspectives heureuses. Elle éveille le désir, promet la volupté et fait penser
à l'amour. La vie humaine apparaît comme le prolongement sans fin d'un bal
masqué en plein air, sous les cieux et sous les berceaux de verdure.
(p. 20)
Retenons encore, du chapitre consacré à Lancret :
Quant
au petit marquis, il se donne des grâces ; il sourit d'un air avantageux
et fait une pirouette de triomphe. En vérité, les porcelainiers de
Saxe qui fabriquaient pour le mobilier des grands ces gentilhommes émaillés,
si impoliment appelés magots, n'ont rien inventé d'aussi drôlement joli, d'aussi
délicieusement maniéré. (p. 34)
Elevé
[Lancret] dans les parcs imaginaires de Watteau, au milieu des nymphes embaumées
et de ses bergers vêtus de satin... (p. 40)
C'est assez pour montrer la référence picturale probable de ce petit poème, qui invite aussi, comme je l'ai laissé entendre, par son titre définitif, "Mandoline", à une lecture "musicale". "Mandoline" n'est-il pas un "mot musicien", qui "donne le ton" à ce poème, attirant du reste – ou suscitant - d'autres mots tels que "sérénades", "ramures chanteuses", "jase". On notera, en outre, que Verlaine a retenu ici le mètre impair comme il le fera aussi dans "En sourdine", et pour "Colombine" qui marie le vers de cinq syllabes et celui de deux. Dans "Mandoline" c'est le vers de sept syllabes qui est choisi. Verlaine a-t-il déjà, en 1867, l'intuition de la musicalité de l'impair qu'il érigera en principe dans son "Art poétique" ?
De
la musique avant toute chose,
Et
pour cela préfère l'Impair
Plus
vague et plus soluble dans l'air,
Sans
rien en lui qui pèse ou qui pose
On sera
sensible aussi au fait que toutes les rimes, à l’instar du titre tout emprunt
de douceur, soient féminines. Ce n'est peut-être pas un hasard. La dernière
syllabe des mots à la rime, non prononcée - ou si légèrement comme le souhaitait
Valéry -, se dissout littéralement dans l'air, "sans rien [en elle] qui pèse
ou qui pose". Il y aurait beaucoup à dire sur l'usage du "e" muet chez Verlaine.
Des tableaux vocaliques établis pour chaque poème du corpus révèlent une nette
prédilection pour le phonème
Que
dire encore ? On notera que l'atmosphère quelque peu surannée est bien rendue
par l'usage d'un terme vieilli que Verlaine affectionne : "ramures". Verlaine
use, dans le même esprit, d'une forme progressive dans "Clair de lune" : "vont
chantant" qui, associée à l'évocation du luth, confère au "tableau" la "patine"
nécessaire. Songer aussi à la prononciation probable du "quasi" ([kwazi]) - si
l’on se réfère à la rime -, prononciation délicieusement
vieillotte.
Je
serais tenté de dire que Damis, Tirsis, Aminte, sexes confondus, sont bien
" à mettre dans le même sac ". On remarquera que " Damis "
et " Tirsis " se " répondent " d’un vers à l’autre, par le
truchement d’une rime intérieure. Quant à " Damis " et
" Aminte ", ne sont-ils pas réunis par le jeu des sonorités ?
L’écouteuse et le diseur de propos galants : c’est du pareil au même !
D’ailleurs n’échangent-ils pas leurs " propos fades " !
Comportements amoureux réitérés, reproduits à l’infini jusqu’à se vider de leurs
sens. La quasi paronomase, qui réunit les deux personnages au plan des
sonorités, sans doute fortuitement, est bienvenue ici.
Quant aux personnages, ils sentent leur pastorale, du moins certains.
L'emploi anaphorique de "c'est", dont la reprise, avec une récurrence du [s],
m'évoque comme le susurrement des confidences amoureuses inlassablement répétées
aux oreilles distraites ; il dit la banalité de propos échangés, usés et vidés
de leur charge émotionnelle. Propos "fades" et sans lendemain, identiques à ceux
proférés par ces autres marionnettes du poème VII du recueil, sous des ramures
analogues, qui chantent pour être pleines d'oiseaux ou parce qu'elles réagissent
à la brise qui rafraîchit le crépuscule. Clitandre, Aminte, Damis..., et cette
"Cruelle" - quelque Clymène ? - du vers 8 (suggestif rejet !), ces acteurs d'un
jour, d'où sortent-ils ? On pense à Molière dont le théâtre regorge précisément
de Clitandres, de Damis..., de Clymènes (celle des Fâcheux, par exemple), à la comédie
italienne, au théâtre de foire. On regardera aussi du côté des comédies ballets,
en particulier Le Malade imaginaire dont le Prologue nous
présente, outre un Polichinelle ivre grattant sa bouteille - qu'il prend pour un
luth ! - pour une sérénade, un Tirsis, une Clymène. Il est d'autres sources,
sans doute. Le symbolique Tircis, nous dit Bornecque, appelle tout naturellement
Aminte qu'il courtise déjà dans un célèbre poème du Tasse. Pourquoi l'"éternel"
Clitandre ? Parce qu'il paraît, sinon éternellement, du moins avec grande
constance, dans le théâtre de Molière - ce qui revient au même -, où il tient le
rôle du soupirant déclaré (cf. L'Amour
médecin, Les Femmes savantes, Georges Dandin...). Il est déjà apparu,
en filigrane, dans "Pantomime". Pour Bornecque encore, Damis, qui nous fait
songer, bien sûr, au jeune premier de Tartuffe, le fils d'Orgon, ne serait
appelé là que par association d'idées, et n'aurait avec le personnage de Molière
d'autre similitude qu'"onomastique".
Vous noterez encore le contraste, voire la contradiction, entre "maint"
(et "mainte") qui multiplie à plaisir le compliment galant (comme "les donneurs
de sérénades") et le "vers tendre" que le séducteur veut faire passer pour
unique et dans lequel il semble avoir mis toute son âme. Monde du paraître.
Il est bien naturel de passer, au quatrain suivant, à l'évocation de tout
ce qui "fait le moine" ; en l'occurrence, aux habits, somptueux, tout droit
sortis des tableaux de Watteau, Lancret, Pater, De Troy, Fragonard...
Reportez-vous à L'Enseigne de
Gersaint, Plaisirs du bal, Plaisirs d'amour, les Embarquements pour Cythère (celui de
Paris et celui de Berlin), L'Indifférent - que Claudel a si
joliment commenté -, Les Bergers...
pour vous limiter à Watteau. Prenez le temps d'observer les "longues robes à
queues", les "courtes vestes de soie", roses, bleues, grises... On commentera,
en référence à ces tableaux, ce quatrain tout bruissant d'étoffes froissées,
mais où la richesse des tissus ne saurait faire oublier que tout cela est
factice. Le parallélisme rigoureux des constructions syntaxiques et des rythmes,
dans leur répétition, le souligne aussi : déterminant possessif ("anaphorique"),
adjectif épithète, substantif, complément de détermination
:
Leurs
/ courtes / vestes / de soie,
Leurs
/ longues / robes / à queues...
On prendra soin de bien souligner la lente disparition de ce qui est
encore palpable pour devenir abstraction. Des habits ne subsiste, en un premier
temps, que l'élégance, à laquelle une impression de joie se substitue. Et ce ne
sont plus que des souvenirs, des reflets de présence, des "ombres molles", écrit
le poète, qui préparent les "spectres" aux "yeux morts" et aux "lèvres molles"
du "Colloque sentimental". Mais la vie est là encore, merveilleusement soulignée
par l'enjambement qui réunit les deux derniers quatrains, et dont on a hâte de
voir ce que les musiciens en pourront faire. La lune, témoin dans bien des
poèmes du recueil, est encore l'occasion d'une extase, elle a les couleurs des
toiles de Watteau, comme si elle avait absorbé les costumes évanouis ; et si les
ombres sont bleues comme les "longues robes à queue" de "L'Allée", c'est parce
que la lumière dispensée par la lune, elle, comme chez le Hugo de "La Fête chez
Thérèse" ou dans le Cyrano d'Edmond
Rostand, est bleue !
Et la magie opère sur fond de musique. On pourra s'étonner du choix du verbe "jaser" pour cet instrument à la sonorité métallique qu'est la mandoline. Le verbe fait plus songer aux gazouillis ou au babillage du nourrisson. Mais ce sens ne doit pas nous cacher les autres auxquels Verlaine aura ici pensé. Jaser, c'est babiller sans arrêt, pour le plaisir de parler, c'est dire inlassablement des futilités (cf. ci-dessus). Les bavards et les commères jasent. Jaser, c'est aussi parler avec indiscrétion, trahir des secrets. C'est encore émettre des sons dont les modulations font plus ou moins le bruit d'une conversation. N'est-ce pas le bourdonnement même des deux cordes couplées que le plectre caresse alternativement ? Vous serez sensibles à cette espèce de mélodie autonome qui se tisse dans le dernier quatrain, toute en [z]/[s] et en [i], et dont on ne sait plus si c'est l'instrument qui gazouille ou la brise :
B.
Suggestion de plan pour rendre compte de "Mandoline"
sous
la forme d'un commentaire composé
ou
d'une lecture méthodique s'appuyant sur plusieurs axes de
lecture
q
Un
"tableau musical" :
§
d'un
titre à l'autre ("Trumeau" abandonné au profit de "Mandoline" dans l'édition
définitive)
§
approche picturale (le
référent Watteau ? ; la palette ; titres Le Donneur de sérénade, Belles, n’écoutez pas...) ;
personnages et costumes (en garder pour les deux autres points
!)
§
les
"mots musiciens" ("mandoline" ; "sérénades" ; "ramures chanteuses"…) ; la
musique du vers (choix de l'impair et de la rime féminine ; ”mélodie” autonome
de la dernière strophe toute en [z] et [i] ) ; la mise en musique par
Debussy, Fauré, Reynaldo Hahn.
q
Une
situation galante :
§
une
évocation des personnages qui aboutit à une distribution des rôles ("donneurs de sérénades" ; "belles
écouteuses" ; Tirsis, Aminte, etc.)
§
leurs
comportements amoureux ne sont pas nouveaux : ils sont la réédition de
comportements ayant déjà eu lieu ("pour mainte/Cruelle" ; "maint vers
tendre")
§ le propos amoureux se confond avec un discours conventionnel ("des propos fades" ; "vers tendre").
q
Du
réalisme à l'évanescence (ou "le discours de la fragilité")
:
§
les
personnages quittent progressivement leur matérialité (déjà réduite en ce qu'ils
s'identifiaient à des acteurs de comédie et des stéréotypes) au profit de leurs
habits, de l'impression qu'ils laissent à l'observateur, avant de fusionner avec
la fragilité même de l'atmosphère
§
le
décor pratiquement inexistant (exemples à relever)
§
la
dernière strophe achève la scène sur une impression d'extrême fragilité
:
-
par
les évocations du mouvement ("tourbillonnent")
- par les évocations d'atmosphère et les effets d'imprécision qui se rattachent aux couleurs ("lune rose et grise")
-
par
les évocations du bruit ("jase")
-
par
la dernière image, qui clôt le texte sur l'impression de l'ineffable ("parmi les
frissons de brise").
© Pascal Bergerault. Sauf
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